La télévision
Depuis son apparition massive dans les foyers en France à la fin des années 1970, la télévision est devenue un acteur social majeur. Les émissions de télévisions informent, distraient mais également façonnent l'esprit des citoyens. Après l'engouement des débuts, la télévision a vu la qualité des programmes baisser et ne cesse maintenant de faire l'objet de critiques, renforcées par les dérives mercantiles de ces dernières années
A. LA TELEVISON : UN ACTEUR SOCIAL DEVOYE
En France, plus de 96% des foyers possèdent un poste de télévision. Celle-ci propose un large éventail de programmes sur différentes chaînes. La première chaîne (l'actuelle TF1) a émis dès 1949, suivie par Antenne 2 (France 2) en 1964, puis FR3 (France 3) huit ans plus tard. L'apparition des chaînes privées est plus récente, en 1984 pour Canal + ; un an plus tard émettait La Cinq (aujourd'hui France 5 et Arte), bientôt suivie de M6. La télévision par câble ou numérique terrestre s'est généralisée. Mais la plupart des Français se contentent de regarder les chaînes nationales dénommées hertziennes. La télévision constitue un média de masse comme ne témoignent les audiences des journaux télévisés ou de certaines émissions : quand un quotidien comme Le Monde est lu par deux millions de personnes, quatre fois plus regardent en moyenne le journal télévisé de la première chaîne.
Au fil des ans, la télévision est devenue davantage un outil de diffusion et de programmation qu'un média de création. Les chaînes achètent en effet des programmes télévisés à des sociétés de production privées, en imposant le respect d'un certain cahier des charges (temps de l'émission, rythme, absence de scène de violence, choix du héros principal, etc.). Cette externalisation offre à la chaîne de télévision une réelle souplesse de gestion. Ce choix apparaît cependant choquant dans le service public, où l'argent public sert finalement les intérêts de quelques sociétés de production sans que le citoyen sache quels ont été les critères retenus. Or souvent ces sociétés aux buts lucratifs recherchent avant tout une forte audience attirant les annonceurs et vont de ce fait proposer des émissions où le spectaculaire l'emporte sur la qualité et la richesse. Il est ainsi de notoriété publique que la part des documentaires a fortement chuté dans la programmation au motif qu'ils n'attireraient pas suffisamment d'audience.
B. LES CRITIQUES DE LA TELEVISION
Pour de nombreux jeunes talents, passer à la télévision est devenu une consécration. Pourtant l'un des plus grands écrivains contemporains, Julien Gracq n'a ait que de très rares apparitions à la télévision.
- Un vecteur de violence
La télévision véhicule des images de violence physique et morale (scènes d'humiliation, de viols, de meurtres) dont la législation essaye de repousser la diffusion à une heure plus tardive. Mais la multiplication des chaînes satellites rend caduc ce type de mesures préventives. La télévision favorise-t-elle la violence ou au contraire n'est-elle pas le reflet d'une société violente ? Le débat est là. Les émissions de télévision à la recherche de la plus grande audience possible cherchent à éveiller les instincts les plus primaires de l'homme. Malgré quelques divergences, la plupart des études se rejoignent pour constater le nombre très élevé de scènes violentes diffusées par heure : il y aurait en moyenne sur une chaîne française une scène violente diffusée toutes les huit minutes ; aux Etats-Unis, à douze ans, un enfant aurait déjà assisté à plus de 10 000 meurtres à la télévision… de quoi banaliser la violence et encourager au mimétisme. Ce constat accablant a été souligné dans le rapport de Blandine Kriegel rendu en 2002, lequel rappelle qu'un film tel que Tueur Né d'Olivier Stone a été cité comme référence par les auteurs d'un assassinat aux Etats-Unis. Quelques années plus tard en France, un adolescent déséquilibré citera le film Scream comme inspirateur de son crime. Certes "on ne rend pas le baromètre responsable de l'orage" comme le faisait remarquer Marcel Carné à propos de son film Quai des Brumes, interdit sous l'Occupation au motif de "défaitisme". Il serait donc abusif de censurer les films violents s'ils ne faisaient que décrire la réalité. Pourtant, force est de constater que la plupart des scènes de violence sont gratuites et n'ont pour fin qu'elles-mêmes, à la différence de films d'auteurs où si le thème de la violence est central, les scènes y sont plus rares et sont le support d'une réflexion (tel Mystic river de Clint Eastwood).
- Un instrument de nivellement
La télévision est un média de masse. Or au motif que le plus grand nombre serait incapable de comprendre quelques subtilités, ce média a souvent une fonction réductrice et déformatrice. Le journal télévisé se limite par exemple à évoquer des sujets de préoccupation générale (départ en vacances, rentrée scolaire, intempéries) en omettant la réflexion sur des thèmes plus complexes (la pauvreté, les mécanismes de la mondialisation, les arcanes de la procédure pénale, etc.). La télévision s'interdit donc les débats trop techniques. Pour justifier une programmation indigente, les responsables affirment que le téléspectateur plus exigeant aurait un vaste choix grâce aux chaînes satellites. Mais c'est le rôle du service public de programmer des émissions de qualité à une heure de grande écoute… et tout le monde ne dispose pas d'un accès aux chaînes câblées ou par satellites.
UN MEDIA EN DECLIN ?
L'arrivée d'Internet depuis une dizaine d'années a remis en cause la suprématie de la télévision. Certains sondages estimaient encore en 2005 en moyenne à quatre heures le temps passé par jour devant la télévision. En fait, cela corresponde plus au temps où un téléviseur est allumé. Quoi qu'il en soit, cette durée a tendance à diminuer au regard du temps passé désormais devant Internet. Ce nouveau média, beaucoup plus interactif laisse en effet une plus grande liberté : informations, jeux en ligne, visionnage de films, chat et constitution d'un réseau social en ligne, lecture ou entretien de blogs, le programme est vaste et chronophage.
C. CONCLUSION
Pour garantir leur audience, les responsables se gardent le plus souvent de toute audace : aux débutants plein d'enthousiasme sont préférés les artistes confirmés ; les émissions qui ne trouvent pas immédiatement une "bonne audience" sont rapidement remplacées par des films qui ont fait leur preuve. Les jeunes auteurs et compositeurs n'ont guère le loisir de pouvoir passer sur une grande chaîne nationale pour exprimer leurs talents. Pourtant la télévision a aussi de nombreux mérites. La télévision éveille la curiosité, diffuse des connaissances et alerte ou sensibilise l'opinion publique par le biais de reportages sur des sujets de société… La télévision peut autant éveiller qu'aliéner, elle est tout simplement ce que nous en faisons.